Je me réveille le sourire aux lèvres.
Après des conversations nocturnes avec un ancien amant qui me donne l’espoir d’une vie ailleurs.
C’est Samedi, j’ai bien le droit de me prélasser au lit en rêvassant. J’imagine. Aller vivre loin là-bas. Près de l’équateur. Dans une végétation luxuriante. Retravailler en ONG. Parcourir le continent. Boire des gin tonics sous la véranda en attendant la nuit. Tout semble si simple et si excitant dans mon imagination. C’est la vie sexy dont j’ai toujours rêvé.
Le soleil éblouit ma chambre et ce premier jour de printemps semble être l’aube d’une ère nouvelle. Je sais que mon euphorie n’est que passagère et c’est pour ça que je l’accueille avec autant d’enthousiasme. Je me sens belle et sexy. Je mets ma belle robe bleu Klein pour célébrer la prochaine venue de l’été. J’envoie des messages vocaux pseudo érotiques en espérant qu’ils ne finiront pas dans l’espace public. Je lis sur la terrasse comme un lézard. Je mange du chocolat et le beau soleil me caresse la peau.
Et puis je rentre regarder la dernière saison d’Homeland, en me marrant bien de voir combien Peshawar ressemble étrangement à Casablanca et que ces pashtous ont vraiment une tête de marocains… De l’imaginaire des séries américaines face au monde musulman…
Toujours est-il que Carrie Mathison est toujours aussi badass et je me dis que si j’avais voulu de l’émotion dans ma vie, j’aurais clairement dû faire autre chose qu’une école de commerce. Bosser avec des entreprises en Europe, on a rarement vu quelque chose d’aussi peu funky. Et je me dis qu’en période de pandémie, on a clairement plus besoin de médecins que de formateurs en diversité et inclusion…
Envie de tout envoyer chier, envie d’un mail qui m’envoie bosser de toute urgence à l’autre bout du monde. Envie ou fantasme ? Ne suis-je pas à l’aise dans mon petit confort bourgeois sous ma couette à Toulouse ? Je me gargarise d’avoir travaillé au Pakistan, en Iran, en Arabie Saoudite mais combien de temps ai-je vraiment passé dans ces pays ? et dans quelles conditions ? quelques jours ? quelques semaines au plus ?
Ne suis-je pas en déni par rapport à ma vie ? Je crois être nomade mais au fond, j’ai vécu 90% de mon temps à Barcelone, en Europe avec des voyages touristiques ponctuels et des ateliers pro-bono ici ou là, pas de quoi en faire l’aventure humanitaire du millénaire.
Je ne suis peut-être pas celle que je prétends être ou celle que je fantasme d’être. Je suis peut-être beaucoup plus ordinaire que ça. Alors comme ça m’arrache la gueule de le reconnaître, je vais continuer à rêvasser de cet Équateur magique, me berçant d’illusions quant à la possibilité de changer de vie.
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