top of page

Post confinement Jour 6

Semaine 10 et Mamie est passée au Xanax. Ben oui.

Après tout, pourquoi pas. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour ne pas penser?


Le voisin qui est médecin généraliste a dit: Aurélie, trouve toi un hobby, quelque chose qui t’occupe, te fasse plaisir à court terme.

Bon ça, ça marche, quand tu as envie de quelque chose. Quand tu ne te réveilles pas en te disant à quoi bon? J’ai attendu 2 mois et ça n’a servi à rien donc maintenant j’attends quoi? Ben rien... Rejoindre des amis? Partir au Nord? Partir au Sud? Bof, rien ne me fait vibrer. Regarder Youtube un peu, c’est bien.

Maité me sort comme elle peut, on part faire du vélo, on cuisine, on discute, on va au super acheter du chocolat avec des grosses noisettes, on va diner chez les voisins, honnêtement comme vie, il y a pire, vraiment pire.


Mais bon quand t’as pas envie, t’as pas envie. Tu te lèves parce qu’il faut, parce que tu es polie, tu manges, tu écoutes des skypes, et peu à peu le jour se finit. Dommage de se dire qu’un jour, on sera en fin de vie et on souhaitera avoir des journées comme çà qu’on traverse aujourd’hui sans plaisir.

Même entourée, je me sens un peu déconnectée des gens. Que peut l’entourage contre le mal de vivre? Pas grand chose. On peut t’occuper, te faire sourire, mais au fond tu sais que tout çà n’a plus trop de but.

Parce qu’avant, je me disais, allez je tiens jusqu’au 11 Mai. Là, je me dis rien. J’attends. Quoi? Je ne sais pas. J’attends.

Quand partir a toujours été ta solution au mal-être, tu fais comment?

Les gens me disent, Aurélie tu as mangé ton pain blanc, Voyager c’est fini, faut te trouver autre chose, le macramé, peut-être, la peinture sur soie?


Et honnêtement si je dois rester quelque part désormais, ce serait où et avec qui? Vous avez tous un appartement, un/e partenaire, une famille. Moi je n’ai pas d’endroit où aller. Je peux être partout et nulle part.

En fait, le deconfinement, c’est comme les séries Netflix, tu crois que ça va s’arrêter, tu attends la nouvelle saison pendant des mois, le suspense monte, la date s’approche et puis tu réalises qu’il va y avoir une saison 52 qui va sortir dans 2 ans.

Rien ne se termine jamais. Rien n’a une fin.

Le confinement, c’est pareil. Tu attends quelque chose pendant 55 jours et en fait c’est comme avant, et en plus il pleut. Putain si je dois rester 3 mois sans bouger, je vais manger un mouton, je promets. Ouala.

Le voyage par procuration, ça va deux secondes. Après cinq saisons du Bureau des légendes, je me suis remise au farsi histoire de me faire croire qu’un jour je vais bouger. J’ai tenu un jour vu que j’ai la concentration d’un poisson rouge.

En fait c’est comme si je vivais au Pakistan mais tout le temps, en prison à ciel ouvert, en passant de maison en maison.

Y en a qui disent, apres le covid je ne voyagerai plus que localement et je ne prendrais plus d’avions.

Alors moi après le confinement je me barre au bout du monde et je ne reviens jamais que les choses soient claires. Je suis la première à Toulouse Blagnac.


Personne ne semble mentionner quoi que ce soit sur les vols et les frontières comme si tout cela avait subitement disparu. Pouf, magie. Plus d'ailleurs. Castaner veut nous remotiver en nous disant qu'en Juillet on pourra aller en vacances... en France, yeahhh!!!

Du coup, je ne sais plus bien quoi espérer.

J’ai envie de me cacher sous ma couette et de ne rien faire à jamais. A quoi bon?

Quand tu dis aux gens que t’en peux plus, ils te disent: oui je sais mais il faut attendre. Voila. Attendre. Bêtement. Passivement. Comme une abrutie.



Donc je lis des livres passionnants qui t’explique que le suicide vient de la déconnexion.

Selon Maurice Halbwachs, nombre de suicides sont liés à des pertes d’appartenance. Lorsqu’on meurt ainsi à la société, on perd le plus souvent la principale raison qu’on a de vivre.

Durkheim pense qu’une alternative à des situations de désespoir serait de constituer des groupes professionnels, des ligues ou des corporations qui composeraient des remèdes à la fois contre l’excès d’individualisme et contre l’intégration insuffisante du sujet dans la société. En clair des groupes d’appartenances substitutifs.

Je lis Bullshit Jobs aussi, ce qui ressemble pas mal à ce que je fais.

Placer des détenus en isolement plus de six mois d'affilée provoque inéluctablement des dommages cérébraux qui auront des répercussions visibles physiques. Oui, les êtres humains sont des animaux sociaux, ils le sont de manière si viscérale que, coupés de toute relation avec d'autres humains, ils commencent à se décomposer physiquement.
Un être humain privé de la faculté d'avoir un impact significatif sur le monde cesse d'exister.
Leur sentiment de pouvoir provoquer des effets visibles sur monde qui les entoure et les autres êtres est ce qui leur permet de se concevoir comme des entités autonomes et distinctes. Confisquez-leur ce sentiment, et ils ne sont plus rien.

Ben voila. Plus rien.

Je regarde des humoristes comme Guillermo Guiz qui n’ont pas l’air au top non plus…


Je devais voir un copain histoire de me changer les idées. Il a fait un malaise et a fini à l’hôpital. Couillon.

Je fais des choix de vie, à pile ou face.


Je lis l’histoire de Starmania, tellement d’actualité…

Michel Berger, et puis surtout Nanette Workman. Ce soir on danse à Naziland. Travesti. Je suis la violence personnifiée


J’ai envie de pleurer un peu tout le temps donc voilà. Je me sens submergée de contenu que je n’ai pas l’espace mental d’absorber. Donc je vous le passe si vous avez plus de capacité cérébrale.





- School of life and the Terror of being alone


- Esther Perel et les couples en lockdown









On est tous des morts en vacances
Mais on s'en fout ce soir on danse
RECENT POSTS:
SEARCH BY TAGS:
No tags yet.
bottom of page