Jour combien? Je ne sais plus.
Je suis comme Pierre-Emmanuel Barré, j’ai envie de frapper tout le monde.
Le premier qui mouffte, je lui en colle une.
Honnêtement, s’il y a encore un connard qui me dit de CALM DOWN, je lui jette mon ordinateur en travers de la gueule.
Non, ça va, là, t’as aucun politique foutu de nous dire combien de temps ça va durer, l’Espagne parle de fermer ses frontières pour l’été et moi, je suis à ça de me faire dégager de mon taf.
Faut dire que si j’ai aucune liberté de mouvement, si j’ai été privée en deux deux de mes libertés individuelles et que l’Etat (visiblement dirigé par quelques connards sortis des écoles qu’on connaît) ne me donne AUCUNE perspective d’avenir, et qu’en plus, je bosse dans une dictature à peine éclairée, ben, il y a moyen que je pète un cable. On le ferait à moins.
Tout le monde me conseille de CALM THE FUCK DOWN, on est en crise, pattin couffin, n’envoie pas valser un CDI maintenant, qui sait quand on aura retrouvé une économie digne de ce nom?
En attendant, fermer ma gueule quand j’apprends aux femmes à l’ouvrir, c’est compliqué.
Je n’ai pas envie de me calmer, bordel! Même avec 1 heure de kick boxing où je donne des bons vieux coups de coude imaginaires à la terre entière en hurlant histoire de faire plaisir aux voisins, j’ai encore de l’énergie à revendre.
Alors, je picole.
Consciemment.
A 12h15, je démarre histoire d’anesthésier doucement mes velléités de rébellion.
Et je m’abrutis devant Netflix, comme çà je ne pense pas.
Je regarde le parcours vers la liberté de la jeune Esty d’Unorthodox, j’admire les tactiques de rébellion de La Causa dans 3%. J'ai même vu Tiger King... On en est là... Il faut que je canalise cette rage parce que 4 semaines de plus, et je finis comme un légume.
Le pire, pour moi, c'est la passivité. J'écoute des longues conversations Skype inutiles de 2 heures et je ne dis rien (parce que si je l'ouvre, on sait comment ça finit). Je regarde les infos et je ne dis rien. Je n'ai plus le droit de penser ou d'agir. D'autres font çà pour moi. On m'a lobotomisé en 4 semaines, et on me dit que ça va pas s'arranger avant Septembre. Je ne dis rien. Je n'ai aucune capacité de décision ou d'influence. Mon cerveau a été happé par ma colonne vertébrale. Je suis passive. Assignée au rôle de spectatrice. Au tout début, j'essayais d'avoir des projets pour l'après, un voyage en Colombie, une fête quelque part. Aujourd'hui, je me contente de passer la journée et c'est déjà bien. Avec une tristesse au fond de moi qui dit, à quoi bon?
Comme mon ami Jason Silva, je me sens paralysée, impuissante, et je ne peux que métaboliser mon anxiété à travers ce blog et le partage de mes pensées et réflexions.
Comme lui, je suis inquiète par les impacts en santé mentale de cette crise.
Hugo m’envoie des vidéos d’Emergences sur la peur qui a tendance à nous replier.
Mes copines espagnoles se marrent avec des vidéos rétro.
Mon père s’énerve parce que je “parle fort pendant mes calls”. On est un peu on edge.
Dans la Newletter des Glorieuses, Rebbecca Ansellem dit que "Le temps de l'injonction à la productivité est terminé."
Si l’injonction à la productivité est épuisante en temps normal, elle est éreintante en période de pandémie. La notion d’injonction à la productivité fait référence aux éléments externes – entourage, société, réseaux sociaux – qui nous encouragent à penser que la valeur d’une personne est corrélée à ce qu’elle produit et de ce qu’elle fait.
Heureusement, cette semaine, j’ai monté un bootcamp virtuel et c’était honnêtement la seule joie de la semaine.
Une heure chaque jour avec des femmes du monde entier pour rigoler, partager, …
Un mini espace de liberté où personne ne me disait quoi faire, enfin.
C’est le Nick de la Servante écarlate.
Mardi, je dois parler aux RH et leur promettre de “changer de comportement”. Classe.
Donc si je ne crée pas mon propre espace de joie et de liberté, je vais finir en prison pour de vrai. Pour appartenir, doit-on se soumettre et se taire? La liberté d'opinion suppose-t-elle le rejet et l'isolement?
Alors je vais voir comment développer plus d’espaces libres avec Shiftbalance.
Plus d’interviews, d’échanges, de conversations.
Et puis aussi parce que je veux que l’on prenne conscience de l’opportunité de cette crise pour créer un futur réellement féministe et inclusif. Cf l'article d'Usbek et Rica.
"Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, nous ne voyons quasiment que des hommes en première ligne dans les médias. Faut-il en conclure que la guerre, même quand elle est d'ordre sanitaire, est irrémédiablement une affaire d’hommes ?"
Un changement des connards habituels.
Comme dit Barbara Stiegler : « La crise due au coronavirus reflète la vision néolibérale de la santé publique »
Après tout, si mon taf trouve que je suis extrême et radicale, autant leur donner raison.
Quelques ressources si çà vous intéresse:
The Art and Practice of Loving: Living a Heartfelt Yes -http://www.heartfeltyes.com/read/
Authentic Communities organic circles: https://zoom.us/j/404810795
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