Bon, je vais pas vous mentir, ça va moyen. Ça va même pas très très fort.
Tellement que j’ai fait un gâteau au chocolat, rempart ultime envers la dépression profonde. Tellement que je me suis douchée à 20 heures.
Tellement que je me force à écrire ce blog parce qu’Hugo me menace avec un pistolet sur la tempe depuis Bruxelles.
Mon père est parti Dimanche matin et depuis j’opère ma traditionnelle lente et attendue descente aux enfers. C’en serait drôle si c’était pas si prévisible.
Dimanche aprem, je suis encore peinard, je réponds à des mails, je parle à des gens. Lundi, je suis comme une championne mon programme musclé mais je sens bien, qu’à l’intérieur, je descends doucement, je glisse lentement et la tristesse s’installe peu à peu, elle envahit tout, comme une tâche d’huile bien graisseuse alors je l’anesthésie bien fort à coup de gin tonics. Bam!
Mardi, mal au crâne, qu’à cela ne tienne, je suis mon programme quand même, allez hop la zumba, les abdos, les fessiers, ce que tu veux, mon corps bouge mais mon coeur plus trop. Je finis la journée en regardant Parasite ce qui n’est sûrement pas la meilleure idée par les temps qui courent, le gars qui finit tout seul enfermé dans un bunker, ça vous parle?
Je vais me coucher un tantinet chafouine. Je ne dors pas de la nuit, je fais des rêves bizarres, le vent souffle et secoue la toiture, l’huile essentielle de lavande ne sert pas à grand chose.
Mercredi, je sors du lit pour un call à 9 heures et je me recouche à 10.
A 12h30, je me dis que c'est ok de commencer à picoler.
A 15h, je suis sur Youporn (C’est quoi ces gros plans bizarres? Qui donc kiffe l’anatomie d’un vagin en 3D?). Heureusement des copines célibataires m’envoient des liens de meilleure qualité.
A 16h, j’achète des sex toys parce qu’apparemment c’est la tendance.
Même le Monde le dit… « Pendant cette période, c’est important de se sentir désirée, ça permet de se raccrocher à quelque chose », commente la jeune femme de 27 ans, originaire de Rennes. « La sexualité constitue une échappatoire au huis clos, elle permet de libérer le corps et de stimuler l’imagination ».
A 17h, je planifie des phone sex dates et je distrais ma peine avec des questionnements fondamentaux:
- Karol G est-elle en train de copier Rosalia?
- le nouveau clip de Bad Bunny, Yo Perreo sola, est-il vraiment féministe?
- mais que veut donc dire "Matar la tusa"?
Je suis à deux doigts de suivre les Kardashians.
A 18h, je fais du yoga pour la dépression.
A 19h, je fais la méditation pour la self-compassion.
A 20h, j’ouvre la fenêtre pour entendre les applaudissements, je vois la voisine qui me sourit et je pleure.
Moi, je dis, là, on est bien, on tient le bon bout.
Je ne sais pas quand j’ai eu l’idée débile de faire ce confinement toute seule mais c’était vraiment une connerie.
Il y a des gens qui sont faits pour la solitude. Et d’autres pas.
C’est comme çà. Par caractère. Par expérience de vie.
Crois-moi, je le fais pas exprès d’avoir envie de chialer toutes les 5 minutes.
On te dit: c’est parce que tu ne sais pas être bien, seule avec toi même.
So what?
Qu’est-ce que tu proposes? Que j’essaie pendant 30 jours pour voir si je tiens le coup?
On est à jour 3 et j’ai déjà envie de me jeter par le balcon. Le souci, c’est qu’il est tellement pas haut qu’avec la chance que j’ai, je me retrouverai confinée avec un plâtre en prime.
La solitude ne me fait pas peur, elle me rend triste, très triste, super triste. Et après j’ai des idées noires parce que je me dis qu’il n’y a pas d’issue à cette solitude et cette tristesse, à moins de payer quelqu’un pour vivre avec moi, et du coup être chafouine comme çà pendant 20 ou 30 ans de plus, ça me parait super long.
Et puis honnêtement, j’ai pas envie de vous appeler pour en parler, à quoi bon? Vous allez me dire que vous êtes là et que vous m’aimez. Merci.
Mais ça ne changera rien à ce que je sens à l’intérieur. Je n’ai envie de rien maintenant et je n’ai envie de rien après. Honnêtement vivre dans une société isolée et virtuelle, c’est çà notre avenir? Autant nous exterminer tout de suite, ça sera plus vite fait, moi, je me porte volontaire.
Il y a pire, me direz-vous. Mais personne ne vit à l’intérieur de moi.
Oui, je voudrais écrire ou me lancer dans quelque chose de fun et de créatif mais mon cerveau est piraté par l’inquiétude ou la tristesse et il est incapable de se concentrer ou de mobiliser des ressources pour agir. Pas sûre que ce soit le moment de toute façon.
A nouveau, nous vivons toutes et tous la situation différemment, selon notre entourage et selon notre santé mentale. Certains vivent cela avec plus de flegme et j’aimerais être vous mais j’ai juste envie que quelqu’un qui m’aime me prenne dans ses bras et me dise que tout va bien se passer.
Evidemment, ma mère me manque, cela va sans dire, elle qui disait déjà qu’on allait détruire la planète avec nos fusées à la con et remplacer les humains par des robots.
Visionnaire elle était, Martine, visionnaire.
Je fais du Yoga avec Adrienne. Ça me calme un peu sa douceur. Deepak et Oprah ont lancé un nouveau challenge méditation pour l’occasion.
Je regarde une vidéo de Naomi Klein qui parle de la fin du capitalisme, je lis le blog du Monde Diplo sur les connards qui nous gouvernent, je relis un article de Naomi Klein et puis je vais me coucher.
Ça ira mieux demain. C'est pas comme si on avait le choix.
Bonne nuit les loulous!
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